Pourquoi un rapport parlementaire compare-t-il le terrorisme djihadiste avec le véganisme ?

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VIANDE - Les "mouvements extrémistes végans" mis au même rang que le djihadisme ? C'est en tout cas ce que certains ont compris à la lecture du rapport d'une commission d'enquête de l'Assemblée nationale. Explications.

[Article écrit pour LCI et publié le 12 décembre 2019]

Les amateurs de fruits et légumes ont la dent dure. Un rapport d'une commission d'enquête de l'Assemblée comparerait les "mouvements extrémistes végans"... au djihadisme. Bien que le rapport parlementaire en question ait été rendu public au mois de juin 2019, des articles virulents à son sujet apparaissent régulièrement au sein de groupes Facebook ou blogs végans ou de lutte pour la protection animale.

Que dit exactement ce rapport ?

Il s'agit d'un rapport parlementaire réalisé dans le cadre de la commission d'enquête consacrée à la base à la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France. Une commission créée à l'initiative du groupe La France Insoumise dont les travaux ont débuté en janvier 2019 pour s'achever en mai par l'audition du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner. Son but était notamment de comprendre si les forces de l'ordre disposaient des moyens nécessaires pour lutter contre des groupes violents.

Mais pourquoi et comment véganisme et djihadisme s'y sont-ils retrouvés accolés ? LCI a demandé des explications au député LaREM Adrien Morenas, rapporteur du texte. "Nous avons souhaité élargir le travail de notre commission d'enquête également à l'extrême gauche, mais aussi à toutes les formes violentes de défense d'une opinion", véganisme inclus donc. "Nous étions alors en pleine montée des agressions d'artisans bouchers ou de dégradation de boucheries", fait-il valoir.

Que dit exactement le texte à propos du véganisme ?

C'est la 31e recommandation de cette commission d'enquête qui s'attire les foudres des non-mangeurs de viande. Voici ce qu'elle propose : "Étendre le champ d’action du CIPDR (Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation) à la radicalisation identitaire et à d’autres formes de radicalisation (anarchiste, antisioniste, végan etc.) ; élargir le champ du site "Stop-Djihadisme" aux formes précitées de radicalisation et le rebaptiser "Stop-Radicalisation" ; introduire un module de sensibilisation aux risques liés aux différentes formes de radicalisation dans le cadre du service national universel."

Le véganisme se retrouve donc bien au sein d'une même proposition qui évoque à la fois, l'extrême-droite, le djihadisme et d'autres formes de radicalisation. Mais les comprare-t-il pour autant ? Adrien Morenas s'inscrit en faux et tient à apporter une précision : "Il n'a jamais été question de considérer tout cela de la même manière. Nous n'avons jamais effectué de comparaison."

Rappelons par ailleurs qu'il s'agit seulement d'un rapport d'étude parlementaire, d'une simple discussion donc. Ces travaux serviront ensuite de base pour proposer une proposition de loi au sein de la commission parlementaire compétente.

A noter également l'opposition de trois députés à la mention du véganisme dans cette recommandation 31 : les socialistes Michèle Victor et Régis Juanico, ainsi que l'insoumise Muriel Ressiguier.

 

[Article écrit pour LCI et publié le 12 décembre 2019]