CORONAVIRUS – L'épidémie de nouveau coronavirus aurait-elle pu être évitée si la recherche sur ce type de virus avait été soutenue ? C'est ce que laisse entendre l'économiste Christophe Ramaux. Des propos que nous avons vérifiés.
[Article écrit pour LCI et publié le 11 mars 2020]
La recherche fondamentale sur les virus de type coronavirus a-t-elle été abandonnée en France il y a plusieurs années ? C'est en tout cas ce que pointe l'économiste Christophe Ramaux, chercheur au Centre d'économie de la Sorbonne.
Invité mardi sur le plateau de l'émission 28 Minutes d'Arte, il a affirmé : "On a arrêté en 2004 les recherches sur le coronavirus parce qu’on n’avait plus les moyens pour cette recherche fondamentale."
🤕💉 Faute de moyens, les recherches sur le #coronavirus ont été suspendues depuis 2004 en France.
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— 28 minutes (@28minutes) March 10, 2020
Christophe Ramaux s'appuie sur un article du Monde
Il s'agit de l'interview parue le 29 février de Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l'étude des coronavirus. Il travaille au sein du laboratoire AFMB Polytech Case 925 sur le campus de Luminy à Aix-Marseille Université. Le chercheur dénonce "le temps perdu" sur les coronavirus à cause d'une baisse des investissements. "L’Europe s’est dégagée de ces grands projets d’anticipation au nom de la satisfaction du contribuable. Désormais, quand un virus émerge, on demande aux chercheurs de se mobiliser en urgence et de trouver une solution pour le lendemain. Or, la science ne marche pas comme cela. Cela prend du temps et de la réflexion", peut-on lire dans Le Monde.
Un nombre de chercheurs "très limité"
Yves Gaudin ne cite que deux laboratoires : "L'équipe de Bruno Canard à Marseille sur la machinerie de réplication virale et celle de Félix Rey à l'Institut Pasteur sur l'entrée virale dans la cellule."
Une politique scientifique "basée sur l'émotion"
Mais les crédits ont commencé à fondre au fur et à mesure que l'épidémie du Sras se retirait de l'actualité, dès l'été 2003. Or, "les programmes de recherche fondamentale demandent beaucoup de temps, souligne-t-il. Si nous avions pu poursuivre sereinement nos recherches, nous aurions eu davantage de connaissances sur les coronavirus, et sans doute pu apporter une réponse pour lutter contre l'actuel Covid-19." Sa crainte ? Qu'une nouvelle fois, tous les chercheurs soient mobilisés dans l'urgence, avant que les fonds alloués ne disparaissent. "La politique scientifique est désormais basée sur l'émotion, comme orientée par les réseaux sociaux."
Un soutien financier fragile
Une situation délicate qu'Etienne Decroly explique également par le mode de financement de la recherche. "Il y a une vingtaine d'années, les laboratoires fonctionnaient avec 50% de fonds provenant d'organismes statutaires comme le CNRS ou l’Inserm, contre 10% aujourd'hui. Nous sommes de plus en plus soumis aux appels à projets pour survivre, et ces derniers ne nous permettent pas de travailler sur des sujets au long court tels que l'étude des coronavirus."
[Article écrit pour LCI et publié le 11 mars 2020]