MUNICIPALES – "Ce sera une première mondiale !" Candidat à l'élection municipale à la mairie de Paris, Cédric Villani souhaite mettre en place un système de tirage au sort pour constituer une partie de ses listes. Est-il vraiment pionnier dans ce domaine ?
[Article écrit pour LCI et publié le 4 novembre 2019]
.@VillaniCedric appelle les citoyens à participer à sa candidature : "Dans chaque arrondissement, 1/5e de mes listes sera tiré au sort [chez les habitants]" #paris #municipales2020 @LeaSalame #le79Inter pic.twitter.com/YkfqLUi4E9
— France Inter (@franceinter) November 4, 2019
Cédric Villani affirme qu'il s'agit d'une "première mondiale". Vérification.
Comment fonctionnera le tirage au sort de Cédric Villani ?
Ce sont en tout 48 personnes 'citoyens' qui seront présents sur les listes présentées dans les bureaux électoraux de la capitale le 15 mars 2020. Vivons Paris assure que la parité sera respectée.
Existe-il des cas précédents de tirage au sort pour constituer des listes électorales ?
Par exemple, pour le niveau fédéral, les différentes sections locales du Morena, présentes à travers tout le Mexique, élisent dix candidats, cinq femmes et cinq hommes. Puis un étonnant système de loterie est organisé afin de tirer les noms des candidats finalement retenus. A l'instar de ce que suggère Cédric Villani, les listes alternent candidats tirés au sort et candidats désignés.
Si le système par tirage au sort fait partie intégrante de l'ADN de ce parti créé en 2014, les statuts du Morena précisent que les modalités de sa mise en place varie selon l'élection. Il n'y a donc pas d’application uniforme.

Afin d'alterner femme et homme sur les listes électorales des élections fédérales, le parti Morena tire alternativement le nom d'une candidate puis d'un candidat. − @Morena
En 2015, une expérience sans l'appui d'un parti a été tentée sur l'île de la Réunion. A l'occasion des élections régionales, 47 personnes candidates ont été tirées au sort pour constituer la liste DEMORUN 2.0. Une liste trans-partisane qui recueillit 1,47% des voix.
Pourquoi mettre en place un système de tirage au sort électoral ?
Chercheur au CNRS, il explique, par exemple dans le cas du Morena, que "si ce système permet l'apparition d'un nouveau personnel politique, il a aussi l'avantage d’asseoir l'autorité du leader au sein d'un mouvement nouveau." En l’occurrence au Mexique, le président de la République élu en 2018 est le fondateur du Morena, un parti qui n'avait que 4 ans. "C'est aussi un outil de communication politique, qui permet de fédérer des nouveaux militants autour de soi."
Si ce n'est donc pas exactement une première mondiale, Yves Sintomer considère que la proposition de Cédric Villani reste intéressante. "Il a existé des cas de tirage au sort pour désigner des responsables au sein du parti, comme pour Podemos en Espagne ou en France avec la constitution d'une partie de comités de LaREM. Mais là, il s'agit de candidats placés dès la cinquième position sur les listes, donc potentiellement éligibles au Conseil de Paris."
Yves Sintomer met cependant en évidence une limite. Pour lui, la philosophie du tirage au sort est pleinement respectée "si le candidat à l'investiture est un citoyen qui n'a pas l'habitude d'être engagé. En revanche, ce n'est pas la même chose si il s'agit d'une personne exerçant des responsabilités en politique ou dans le monde associatifs."
[Article écrit pour LCI et publié le 4 novembre 2019]