HISTOIRE - Que serait le 14 juillet sans son défilé militaire sur les Champs-Elysées si ce n'est l'occasion pour les Français de voir défiler les différents corps de l'armée entre l'Arc de Triomphe la place de la Concorde. Si cette tradition semble immuable, cette parade ne s'est pas toujours déroulée aux Champs-Elysées...
[Enquête réalisée pour LCI et publiée le 14 juillet 2019]
1880, une Nation en recherche de repères
Lorsque le 14 juillet est célébré pour la première fois en 1880, la parade militaire n'a pour décor les Champs-Elysées, mais c'est à l'hippodrome de Longchamp dans le bois de Boulogne que plusieurs centaines de militaires se réunissent autour du Président Jules Grévy, de son gouvernement et de nombreux élus de la IIIe République.
A cette époque, le besoin de célébrer la Nation et de montrer aux Français que son armée les protège se fait sentir. Le pays garde en mémoire la déchirante défaite face à la Prusse intervenue dix ans plus tôt. Un événement qui s'est scellé par la perte de l’Alsace-Moselle. 1880 demeure donc une cérémonie chargée en symboles.
1919, la première fois aux Champs-Elysées
Les célébrations sur les Champs-Elysées sont organisées pour la première fois aux lendemains de la Première Guerre mondiale. Dans une liesse populaire, les maréchaux Foch et Joffre descendent l'avenue à cheval. Ils sont suivis de nombreux poilus et de gueules cassées. La France a également invité des soldats américains, britanniques ou encore italiens à défiler aux côtés des forces armées nationales. Les manifestations militaires ne se cantonnent pas aux Champs et s'étendent sur d'autres lieux de la capitale, comme sur le boulevard Saint-Denis où apparaît le maréchal Pétain.
Les années suivantes, le défilé du 14 juillet ne se déroule pas forcément au abord de l'Arc de Triomphe. En 1932, les militaires rejoignent la Concorde depuis les Invalides en défilant sur le pont Alexandre III. La foule est si nombreuse pour apercevoir les chars et le avions que des Parisiens escalades les façades du Grand et du Petit Palais.
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En 1940, la France est occupée. Le général de Gaulle organise une cérémonie à Londres et dépose une gerbe devant la statue du maréchal Foch. Il passe en revue les 800 premiers éléments de la France Libre.
Une cérémonie chargée de symboles
A partir des années 1970, les présidents vont essayer d'apport leur touche personnel aux célébrations. Comme en 1973, où pour la première fois une femme descend les Champs en tête de tout le cortège. ll s'agit d'Anne Chopinet, porte-drapeau de l'Ecole polytechnique, largement applaudie par les badauds et le président George Pompidou.
De son côté, Valéry Giscard-d'Estaing souhaite rétablir plus de cohérence entre le lieu et les origines du 14 juillet. Dès sa première année d'élection en 1974, le Président privilégie la place de la Bastille. Les militaires rejoignent la colonne de Juillet depuis la place de la République. Pour sa dernière année de mandat en 1980, c’est le retour sur les Champs-Elysées. L'année suivante, en 1981, le président François Mitterrand entérinera définitivement la tradition du 14 juillet sur les Champs.
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Le 14 juillet 1989, François Mitterrand voit les choses en très grand pour le bicentenaire de la Révolution française. Il réunit autour de lui une trentaine de chefs d'Etats et de gouvernements pour un premier défilé militaire, le matin. Le soir, un second défilé, cette fois-si artistique, orchestré par Jean-Paul Goude. Ces deux événements réuniront chacun 800 000 personnes sur les Champs Elysées. Un record qui ne sera battu que par la célébration de la Coupe du monde en 1998.
Un signe d'ouverture sur le monde
Le XXIe siècle ne dérogera jamais à la règle des Champs Elysées, mais les présidents de la République apporte une couleur européenne et internationale au défilé. En 2000, Jacques Chirac invite pour la première fois des corps armées étrangers à fouler les pavées de l'avenue avec notamment des militaires belges, espagnols, italiens, britanniques et, symbole fort, des Allemands. L'Eurocorps sera également de la partie et le défilé se termine par l'Hymne à la joie, l'hymne de l'Union européenne.
En 2007, Nicolas Sarkozy place le 14 juillet sous le signe de l'Europe. 27 contingents des Etats membres défilent devant les chefs d'Etat et de gouvernements de l'UE. L'année suivante, le Président invite les dirigeants européens ainsi que tous ceux des pays méditerranéens. La présence de Bachar El Hassad créa la polémique.
Plus récemment en 2017, le président des Etats-Unis Donald Trump fût tellement impressionné par le défilé qu'il souhaita la même chose à Washington. Chose faite pour la première fois cette année, le 4 juillet 2019
[Enquête réalisée pour LCI et publiée le 14 juillet 2019]