RETRAITES - Le Belges ont-il réussi à faire plier leur gouvernement qui souhaitaient instaurer un régime de retraite par points ? C'est en tout cas ce qu'affirme Edwy Plenel dans un tweet. Vérification.
[Article écrit pour LCI et publié le 17 décembre 2019]
Le projet de réforme de retraite par points n'en finit pas de susciter la polémique. Après s'être penché du côté de la Suède qui a instauré ce système il y a une dizaine d'années, les regards se tournent désormais vers la Belgique. D'après le président de Mediapart, Edwy Plenel, la mobilisation sociale a réussi à faire plier le gouvernement belge qui voulait, lui aussi, mettre en place un régime par points.
Une leçon de Belgique pour la France. Il y a deux ans, les travailleurs belges ont réussi à bloquer la retraite à points. Grâce à un front uni et des manifestations massives. Avec un objectif clair : pas d’aménagements possibles, c’était non, et juste non. https://t.co/TOw07BBPsM
— Edwy Plenel (@edwyplenel) December 15, 2019
Quel projet de réforme est évoqué par Edwy Plenel ?
Après une année de travaux, la Commission rend son rapport en juin 2014, et comme dans le cas du COR en France, les experts belges recommandent l'instauration d'un régime unique par points, rassemblant sous un même système salariés, fonctionnaires et indépendants.
Si le gouvernement socialiste d'Elio Di Rupo ne retient finalement pas cette idée, elle sera reprise par le nouveau Premier ministre, le libéral Charles Michel, et sa coalition de centre-droit formée en octobre 2014. En juin 2017, le ministre des Pensions, Daniel Bacquelaine annonce devant les syndicats et le patronat, représentés au Comité national des pensions, son intention d'instaurer le nouveau régime en 2025.
Pourtant, et comme le confirme à LCI le Service fédéral des Pensions, "il n'y a actuellement pas de système à points en Belgique." Que s'est-il donc passé ? A l'instar du Parti du Travail de Belgique et son slogan - "Ma pension est un droit, pas une tombola" -, plusieurs formations politiques et syndicats ont montré leur désaccord avec le projet. La rue a-t-elle fait plier le gouvernement outre-Quiévrain, comme le patron de Mediapart ?
Le projet par points finalement abandonné
Quelle est la responsabilité du mouvement social dans cet échec ? Si la Belgique a connu une manifestation importante en décembre 2017, notamment concernant le secteur ferroviaire, suivie d'autres grèves épisodiques en 2018, il n'y a pas eu de mouvement social continu comparable à ce que vit la France depuis le 5 décembre. Une différence qu'explique pour LCI Pascal Lorent, journaliste du quotidien Le Soir. "En Belgique, le dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux ne fut jamais rompu et ces manifestations ont permis aux syndicats d’être plus forts à la table des discussions. Puis, dans le cadre des négociations pour mettre en place le régime par points, le gouvernement est parvenu à un accord dans la reconnaissance de la pénibilité dans le secteur public et pas dans le privé, ce qui a empêché un accord global sur la reconnaissance de la pénibilité."
Finalement, le gouvernement a laissé le projet à points de côté, sans toutefois l'avoir enterré.
Le ministre des Pensions défend toujours son projet
Petite différence toutefois, le ministère ne parle plus de 'points' mais de 'compte-pension'. "Chaque euro cotisé doit générer les droits de pension, quel que soit le régime de travail et alimenter un compte-pension. La valeur des droits ou des points accumulés tout au long de la carrière doit être garantie et augmentée en fonction de l'évolution des salaires." Seul l'avenir pourra dire si les travailleurs belges ont permis de faire retirer définitivement ce projet de loi ou non.
[Article écrit pour LCI et publié le 17 décembre 2019]