Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni : comment se passe le déconfinement chez nos voisins ?

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DÉCONFINEMENT - L'un après l'autre, les pays européens révèlent leurs plans de déconfinement pour amorcer la sortie de crise du coronavirus. Deux objectifs : relancer l'économie et éviter une nouvelle vague de contamination.

[Article écrit pour LCI et publié le 29 avril 2020]

Alors que le Premier ministre Edouard Philippe a présenté à l'Assemblée nationale son plan de déconfinement mardi, des dispositions similaires sont prises par nos voisins. Si de nombreux autres pays ont commencé à assouplir progressivement les restrictions, notamment pour la réouverture des entreprises, les règles sanitaires devront être maintenues, comme en France. L'objectif : éviter toute nouvelle vague de contamination. Exemples au Royaume-Uni, Italie, Espagne et Allemagne. Une comparaison qui révèle de nombreux points communs avec la stratégie de la France.

Le Royaume-Uni évalue le déconfinement sur 5 critères

Au Royaume-Uni, les règles de confinement sont réexaminées toutes les trois semaines en fonction de cinq critères d'évaluation : s'assurer que le NHS (National Health Système, le système de santé national britannique) peut faire face aux nombres de malades, observer une baisse soutenue et constante du taux de mortalité, une diminution du taux d'infection, un nombre suffisant de tests et de masques dans le pays et enfin, se prémunir d'une "deuxième vague" épidémique.

D'après l'analyse du Financial Times, si les autorités sont en passe de réussir les deux premiers critères, elles buttent toujours sur les trois derniers. Le pays n'est pas encore sorti de la crise : 40% des lits de soins intensifs en Angleterre sont toujours occupés par des patients Covid-19 et 21.000 victimes ont été recensées. Pour amorcer le retour à la normale, Boris Johnson veut réaliser 100.000 tests quotidiens d'ici la fin de semaine.

Actuellement, les sorties des Britanniques sont donc toujours limitées aux achats de première nécessité, à l'activité sportive et aux déplacements pour se rendre au travail. Tous les magasins non essentiels restent fermés, tout comme les écoles.

L'Espagne espère une "nouvelle normalité" en juin

Le Premier ministre Pedro Sánchez a présenté un plan comprenant quatre "phases" de transition, pour revenir à ce qu'il appelle la "nouvelle normalité" au mois de juin. La première étape sera déclenchée le 11 mai avec l'ouverture de certains commerces et des horaires dédiés aux plus de 65 ans. Les cafés et restaurants pourront ouvrir mais seulement 30% de leurs terrasses. L'accès à l'intérieur ne sera possible qu'en phase 2 et avec des dispositifs pour séparer les clients. Une deuxième phase qui permettra aussi les rassemblements jusqu'à 500 personnes maximum en extérieur et 50 à l'intérieur. La phase 3, elle, permettra plus de souplesse pour les commerces mais le gouvernement précise que le port du masque restera recommandé pour toutes sorties hors domicile.

L'Espagne évaluera l'opportunité de passer d'une phase à l'autre en fonction de critères précis, comme la capacité hospitalière ou encore le nombre de nouveaux cas. Le déclenchement des phrases pourra varier localement en fonction des régions.

Enfin la phase 4 marquera l'arrivée de la "nouvelle normalité", nouvelle car, pour Pedro Sánchez, il y a peu de chance que les Espagnols puissent vivre comme avant l'arrivée du coronavirus et ses 24.000 victimes. L'observation des gestes barrières sera certainement maintenue et les enfants ne retrouveront le chemin de l'école qu'en septembre.

Prudence en Italie pour le déconfinement

Pays le plus touchés d'Europe avec 27.000 victimes du Covid-19 recensées, l'Italie amorce son déconfinement avec gravité. "Maintenant, la phase de coexistence avec le virus commence pour tout le monde et nous devons être conscients que la courbe de contagion peut remonter", a prévenu le Président du Conseil Giuseppe Conte.

En Italie, le déconfinement est chapeauté par Domenico Arcuri, le commissaire spécial du gouvernement à la crise du Covid-19. Ce dernier a manifesté son intention de fixer par arrêté le prix des masques chirurgicaux accessibles aux Italiens à 0,50 euros maximum. Les règles de distanciation sociale sont maintenues et, à partir du 2 mai, les déplacements hors région seront possibles pour des raisons de travail ou de santé mais resteront interdits pour rendre visite à des proches par exemple.

Enfin, Giuseppe Conte a annoncé que les personnes qui auront plus de 37,5 degrés de température avec des symptômes respiratoires devront rester à la maison et en informer leur médecin.

En Allemagne, un déconfinement mais des chiffres qui alertent

Comme en France, le déconfinement en Allemagne passe par le retour des enfants à l'école. Tous les enfants devraient retourner dans leurs salles de classe avant les vacances d'été, mais des Länder ont déjà permis le retour des élèves les plus âgés depuis le 20 avril. Certaines grandes entreprises comme Volkswagen ont déjà repris leur production. La chancelière Angela Merkel a également autorisé l'ouverture des petits magasins, le ministre de la Santé déclarant la pandémie "sous contrôle" dans le pays.

Toutefois, les Allemands font face à une nouvelle hausse des taux d'infection et de mortalité depuis quelques jours. Un élément qui pourrait bien remettre en cause les délibérations sur l'assouplissement des règles de confinement initialement prévue le 6 mai. Dans cet Etat fédéral, les Länder disposent un important pouvoir de décision. Seize d'entre eux ont par exemple rendu le port du masque obligatoire dans les magasins et transports publics. Le pays comptabilise plus de 6.000 victimes.

[Article écrit pour LCI et publié le 29 avril 2020]